Extraits du receuil "Aux portes de l'Inaccessible" - M.E.O. - éditions - Bruxelles
La nuit ouverte
Éteins la bougie !
La nuit est déjà par
tes mains ouverte.
Foyer de paroles
De ton regard
D’arcs bandés
de paroles échangées
Je me fis un foyer
et autour un jardin
Incomparable sumac des sens
En lui la joie
de la lumière qui coule
En lui les désirs
s’enflamment comme des lucioles
Sous ma pluie
de printemps
c’est luxuriance
en mon jardin
Par ton regard
et mes pensées
j’ai chaud
dans le foyer
de mes paroles
L'Amour
Tout chemin a son terme
Même le chemin de mon chemin s'achève
Comme le feu se consume sur ton visage
La vitre brisée du rêve reflète
Tes pensées clarifiées
De l'angoisse
Tu ne vieilliras pas à l'ombre
De cette roche
Réconciliée avec le silence discordant
Par-dessus l'enfance
Tu poses ta tête sur ma poitrine
Entres en moi
Qui saurai vivre en toi
Dans le sang et la chair chaude du poème
Tu tombes endormie
Maintenant tu es la rivière large et paisible
Qui jamais ne sort de ses rives
Sans douleur
La double intention d’une larme
S’est envolé mon
Audacieux rayon de rosée,
Larme ailée, par cette douleur
Inclinée vers toi.
Je n’ai pu insérer
Sa flamme impétueuse
Dans les rêves ambrés,
Dans la communauté des larmes.
Ô, flèches orgueilleuses !
Le dépit est écarté.
Ne reste que la rivière
Destination de toute goutte :
– double intention d’une larme :
– Cascade pure de solitude.
Qui à présent,
Qui ébranlera
Une vague nouvelle
Pour la voile de ton âme ?
Le chemin
Ouvre,
Ouvre ta
Vacuité
Et entre
Dans toutes ces
Floraisons.
Le silence qui va
Germer
aura
Tes yeux et
Les racines paisibles
Des lointains.
Pas même
Une mèche de matin
Ne lui échappera.
Tel un sentier de montagne
Il partira
vers le ciel
Pour atteindre les gouttes
De rosée
Dont
Les saisons
d’un trait,
Étanchent leur soif.
Ouvre, ô ouvre ta vacuité
Devant ces gouttes !
Étanche la soif de rosée.
Ses fleurs à elle
Sa propre soirée
Descend avec moi
Par une ruelle inconnue.
La lune maintient
mon manteau
Sur lequel, ma chérie,
S’étalent les fleurs
de ses cheveux
Le clair de lune se dépose
Tes larmes ont bu la nuit.
La soif,
Ainsi étanchée
Dans le clair de lune
s’est déposée.
Au fond, une perle
Attend l’oiseau
Qui va
Me la rapporter.
Un mot,
seule chose que je possède,
Peut-il tout équilibrer ?
Porter l’oiseau à la perle.
Tu me conquiers lorsque tu ris
Tu me conquiers lorsque tu ris
Indissociable du matin
Et folle de la mer
Tu te perds dans les pores de la voix
Avec le rivage
D’où tu me viens.
J’aime voir la blancheur de tes dents
Auxquelles se cognent
Les voyelles en saluant
Dans un débordement de musique
Sous
La voûte de ta conscience
Et même si l’on affirme ton esprit éminent
C’est ton rire que j’aime
Où nichent des oiseaux fous
Et où ma lave durcie
Fond en forme nouvelle
Tu m’asservis lorsque tu ris
Et que le goût de l’enlacement fidèle
Quitte ta voix
Pour comme l’enfant
Se pelotonner dans mon oreille
Recherche des cendres
Il vient mot à mot ;
La glaire se hisse au long de l’ossature,
Et l’intérieur abandonne l’astre.
Abandonna le silence à travers le silence ;
La vague descend au long d’elle-même,
Et un flocon d’écume s’installe dans le temps.
Nous avons cherché les nôtre os après os ;
Et ce que nous avons trouvé
Plonge nos doigts dans les cendres.
Le puits authentique
Autrefois nous étions
Vent et sillon.
Nous cherchions l’âtre
Où se cache le puits.
Nous serions sortis devant la chaumière
Et auront caressé
Un paisible chien vagabond :
Notre rêve à l’opposé .
Il était sûr,
Comme une moulin à eau
en plein août :
Nous pouvions chanter,
Mais toujours l’eau fleurissait.
Les contes nous apportaient
un équilibre stable.
Alors nous avons attisé
Les cendres du foyer
Pour descendre dans le puits.
Nous,
Vent et sillon
sommes devenus le sol fertile
D’un paisible foyer.