Lana Derkač:Qui a mis en rang les gratte-ciels ? Et autres poèmes

Publié le par Thomas Dretart

 

 

EUR 14.00

Pays d'envoi : Belgique
Livraison : Dans le monde entier


Dans la même catégorie
 
Résumé :
 
Derrière une apparence ludique, un non-sens provocateur, ces poèmes cachent une méditation sur la solitude de l’être, l’incommunicabilité, l’indifférence. Détourné de son sens, l’acte quotidien le plus banal ouvre à des interrogations angoissantes.

Traduit en français, le dernier recueil d'un des auteurs phares de la nouvelle poésie croate.
Lana Derkač, née à Požega (Croatie) en 1969, a publié une dizaine de recueils de poèmes, deux recueils de textes brefs ainsi qu’une pièce de théâtre. Elle est l’auteur de deux anthologies de poésie, l’une en collaboration avec l’écrivain croate  Davor Šalat, l’autre avec le poète indien Thachom Poyil Rajeevan. Elle a obtenu plusieurs prix littéraires dans son pays, figure dans la plupart des anthologies croates et a été l’hôte de nombreux festivals de poésie, en Croatie comme à l’étranger. De ses poèmes ont été traduits dans une quinzaine de langues et publiés en revues ou en recueils collectifs.

Prénoms
 
C’était un man assis depuis trente-sept
minutes dans l’autobus occupé à parcelliser
le temps. Une parcelle pour le hockey.
Une pour les associés et le bureau. Puis une
parcelle pour discuter avec les enfants
et Linda.
 
Et ainsi de suite.
 
Alors, il a imaginé que la même parcelle
pourrait porter différents noms.
 
Pas comme un chien.
Pas comme son animal domestique.
 
Ce déjeuner tremblotait et lançait des étincelles
donc il pourrait dire de cette parcelle :
une pour le leitmotiv du jour.
Linda l’appellerait o, merde !
Les enfants l’effet stimulant des phrases. Quelque chose
comme une piqûre de moustique.
 
Ensuite, il est revenu à la parcellisation mais
en délimitant comme un arpenteur. Une pour
les films d’art. Et une encore pour
le rallye des phrases de Linda et des siennes, pour
le destin des petites vérités.
 
Avant de dormir il s’est demandé s’il pouvait
se serrer la main à lui-même afin
de marquer le Jour des outsiders qui ne figurent pas
sur le calendrier des saints.
 
 
Les biscuits
 
Tu m’as dit que j’avais oublié les biscuits
dans ta chambre, mais en fait c’est exprès
que je ne les ai pas emportés. De même que je n’ai pas pris
l’hibiscus de la salle de bains.
Mais c’est toi qui vas les manger, ai-je rétorqué.
Tu sais comment ? Tu as fait une longue pause.
Comme des hosties.
D’ordinaire ça ne te dérangeait pas que le corps
que tu allais recevoir ne fût pas celui du Christ.

Un bonbon au gingembre
 
Peu importe que j’aie laissé à l’hôtel mon pyjama
parce qu’il ne tenait pas dans ma valise.
De Melaka j’emporte un si tentant
bonbon au gingembre qu’à l’aéroport
mon ami m’a mise en garde : Méfie-toi !
Alors il m’a semblé qu’en vérité la sucrerie
était le cœur caramélisé de Don Juan.

Eva air
 
Non loin de l’hôtel, nous avons aperçu un panneau
avec l’inscription : Eva air. Et alors que j’essayais
de dire : J’ignorais
que la première femme avait sa propre compagnie aérienne,
ces mots sont sortis de ma bouche : Mais qui
a mis en rang les gratte-ciels ?
Tu as cherché le moyen d’insérer les pensées
à propos d’une compagnie aérienne dans une méditation
d’après-midi sur les orchidées, mais tu as renoncé.
Il y a encore des orchidées, as-tu pensé.
Il s’en trouvera bien une qui acceptera de
méditer sur Ève, ai-je pensé.
Mais qui a mis en rang les gratte-ciels ?
ai-je crié.
Traduction de croate Gérard Adam et Tomislav Dretar

Publié dans La poésie non clssée

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article